Le temoignage de michael hosea: être Albinos en Tanzanie
Michael hosea est né en 1995. Il est l’aîné d’une fratrie de
six enfants et l’un des trois membres de sa famille proche atteints d’albinisme. Il vit à Dodoma, en République-Unie de Tanzanie, et est sur le point de terminer ses études secondaires.
" Je suis né à Mwanza, la deuxième
ville de la République-Unie de
Tanzanie. Je suis l’aîné et vis
avec mes frères, sœurs et mes
parents à Dodoma, la capitale.
Nous sommes une fratrie de
six enfants; une de mes sœurs
et un de mes frères sont
également albinos.
Les difficultés provoquées par
ma maladie rendent ma vie très
difficile. Le soleil me gêne toujours et je dois me couvrir avec
des vêtements épais, à manches
longues et porter des lunettes de
soleil pour protéger mes yeux.
J’ai également des difficultés à
l’école. Parfois, je ne vois pas le
tableau et je dois toujours m’asseoir à l’ombre. Les technologies
permettant d’améliorer la vision,
comme les lunettes, les loupes et
le matériel informatique spécialisé, sont insuffisantes dans mon
pays. Sans elles, les enfants albinos ont du mal à terminer leurs
études et à trouver un emploi.
Ma famille est pauvre et peine à
rassembler l’argent nécessaire
pour couvrir les frais de scolarité.
La manière dont les gens nous
traitent rend notre vie encore
plus difficile. La discrimination
à l’égard des albinos est très
répandue et parfois, je souffre
de l’absence d’amis. De plus,
certaines personnes croient à
d’horribles mythes selon lesquels
nous ne serions pas humains
mais immortels, l’albinisme
serait un châtiment des dieux
et quiconque nous toucherait
serait maudit.
Pire encore, des adeptes de la
sorcellerie nous poursuivent,
nous tuent et utilisent nos cheveux, des parties de notre corps
et nos organes pour préparer des
sortilèges et des potions. Depuis
des siècles, certaines personnes
croient qu’en amenant des parties
du corps d’albinos à un sorcier
guérisseur, elles deviendront riches et prospères.
Il y a quelques mois, grâce à
l’intervention d’un ami de mon
père, mon frère, ma sœur et
moi-même avons échappé à un
assassinat motivé par la sorcellerie. Cet ami a prévenu mon père
que ses trois enfants albinos risquaient d’être attaqués et l’a prié
de quitter Mwanza. Partir n’était
pas une solution facile en raison
de la situation financière précaire
de mes parents, mais nous avons
fait nos bagages et sommes
partis à 3 heures du matin cette
même nuit.
Nous avons parcouru les 500 kilomètres qui nous séparaient de
Dodoma. Deux jours après, nous
apprenions que des gens étaient
entrés par effraction dans notre
ancien domicile avec l’intention
de nous assassiner.
Quand ils ont compris que nous
nous étions enfuis, ils sont allés
chez notre voisin le plus proche.
Ce représentant local des albinos nous avait beaucoup aidés
et avait vivement plaidé pour
nos droits au sein de notre communauté. Ils lui ont coupé les
organes génitaux et les bras et
l’ont laissé mourir. Nous avons
appris son triste sort par un appel
téléphonique d’un autre voisin.
La nouvelle m’a tellement ému
que j’ai beaucoup pleuré, mais
que pouvais-je faire ? Telle est
notre réalité.
Je ne comprends pas pourquoi
on en arrive à de tels actes entre
êtres humains. Mais je pense que
l’éducation est la clé pour faire
cesser les meurtres, les mauvais
traitements et la discrimination.
Il est important que les gens,
y compris les membres de ma
famille élargie, comprennent que
nous sommes des personnes
comme les autres. Nous sommes
tous semblables.
Pour oublier les difficultés de la
vie, j’aime composer des chansons et chanter. Je viens d’écrire
une chanson sur les albinos
et notre combat. Mon rêve est
d’arriver un jour à enregistrer ma
musique dans un studio et à diffuser mon message. Je prie pour
que les gens du monde entier
comprennent un jour que les albinos ne sont pas différents. Nous
sommes tous des êtres humains
et méritons d’être traités avec
amour et respect."
Remarque :
L’albinisme est une maladie génétique rare commune à tous les groupes ethniques. L’absence de mélanine entraîne une pigmentation faible ou nulle des yeux, du système pileux et de la peau. Les albinos sont sensibles à la lumière vive et courent un risque plus élevé que la moyenne de développer un cancer de la peau dû à l’exposition au soleil. La plupart souffrent également de troubles oculaires. D’après Under the Same Sun, une organisation non gouvernementale canadienne, l’albinisme affecte 1 Tanzanien sur 2 000. Si la maladie ne limite pas en soi l’espérance de vie, en RépubliqueUnie de Tanzanie, les albinos vivent en moyenne une trentaine d’années.
Comme la plupart des enfants différents(tétus, solitaire, agressif, orphelins,handicapée..), les albinos ont plus de chances d'être accusés d'être des enfants sorciers.
La plupart sont des garçons qui ont entre 8 et 14 ans. Souvent battus, parfois brûlés pour exorciser les «mauvais esprits», ils sont ensuite chassés de chez eux quand ils ne sont pas tués.
Bibliographie :
La situation des enfants dans le monde 2013, les enfants handicapés, une publication de l'unicef
libération.fr afrique: le business des enfants sorciers